WES MONTGOMERY – SA VIE ET SON OEUVRE
Wes Montgomery est un des guitaristes de jazz les plus connus du grand public. Il a une place majeure dans l’Histoire du jazz. Son influence a été énorme au même titrer que Django Reinhardt. Il a inspiré bon nombre de guitaristes renommés après lui comme George Benson ou Pat Metheny…
LES DÉBUTS DE WES MONTGOMERY
« Ne vous y trompez pas , Wes Montgomery est la meilleure chose qui arrive à la guitare depuis Charlie Christian ». Cette phrase souvent citée du critique de jazz Ralph Gleason salua l’apparition sur la scène jazz en 1959 de Wes Montgomery dont la renommée ne fut pendant longtemps que locale. C’est grâce à la réaction enthousiaste de Cannonball Adderley après l’avoir vu jouer au Missile Room à Indianapolis que sa carrière put démarrer. En effet immédiatement après ce choc musical, Adderley téléphona aux producteurs des disques Riverside qu’ils auraient intérêt à écouter ce guitariste méconnu. En réalité, si Wes Montgomery n’était pas connu, c’était surtout de son fait étant donné qu’il avait joué l’essentiel de sa carrière dans sa ville natale à l’exception d’un engagement de 1948 à 1950 dans l’orchestre de Lionel Hampton.
LE JEU AU POUCE DE WES MONTGOMERY
Wes Montgomery choisit la guitare à 19 ans après avoir entendu le « Solo Flight » de Charlie Christian. « Mon Dieu c’en fût trop. C’était ça pour moi. Je n’ai plus entendu personne pendant un an après ça. J’ai commencé à jouer avec un médiator. J’ai fait ça trente jours. Ensuite, j’ai décidé de brancher mon amplificateur et de voir ce que ça donnerait. Le son était trop fort, même pour mes voisins d’à côté. Je m’installait donc à l’arrière de la maison et commençais à jouer sur les cordes avec le gras de mon pouce. C’était beaucoup plus discret. A cette technique, j’ajoutai le truc de jouer la ligne mélodique dans deux registres différents en même temps -l’histoire des octaves ; cela rendait le son encore plus discret. »
INDIANAPOLIS : UN RYTHME ÉFFRÉNÉ
En 1950, après avoir quitté Lionel Hampton, Wes Montgomery retourna à Indianapolis et décida que la musique serait une chose secondaire dans sa vie. Il était le père d’une famille nombreuse et estima que la première de ses responsabilités se trouvait là. Il mit au point un emploi du temps ahurissant. Il travaillait de 7 à 15h dans une usine de composants radio, avait un concert au Turf Bar de 21 à 2h du matin et se précipitait aux bœufs du Missile Room pour jouer de 2 à 5 heures. Et ce ne fut pas qu’occasionnel, mais sa vie pendant six ans.
Il vécut la vie du jazz mais sans la brûler dans la boisson, la drogue, d’une façon peu romantique, terre à terre, faite d’engagements envers sa famille.
WES MONTGOMERY : PREMIERS ENREGISTREMENTS
En 1959, après l’intervention de Riverside, les premiers enregistrements de son trio furent réalisés. Il utilisa son trio original, avec Mel Rhyne (orgue) et Paul Parker (batterie). Deux albums en résultèrent Boss Guitar et Round Midnight.
Après avoir végété si longtemps à Indianapolis, son ascension fût fulgurante et les critiques s’amoncelèrent : « Il possède ce don particulier de donner vie à tout ce qu’il touche, qui est la marque du véritable artiste. Il possède un swing terrifiant, la capacité de construire des solos, dramatiques ou superbes, pour installer des climats, quand il le veut, et chaque chose qu’il joue possède une qualité d’évidence »(Orrin Keepnews). Avec le succès de son premier album, l’intérêt des amateurs de jazz augmenta rapidement. Il enregistra vers cette époque « The Incredible Jazz Guitar of Wes Montgomery » avec comme section rythmique venant de la côte est Tommy Flanagan (piano), Percy Heath (b), et Albert Heath(dm). De nombreux critiques tiennent ce disque pour son meilleur. Wes Montgomery révèle aussi sur ce disque ses talents de compositeurs avec le blues en 3⁄4 West Coast Blues qui doit d’ailleurs être l’un de ses meilleurs solo.
Mais Wes Montgomery était toujours un bon père de famille quelque peu hésitant à quitter sa ville natale. Il s’installa finalement sur la côte Ouest où avec San Francisco comme base commença à tourner avec son trio. Si le talent de Wes est indéniable, il n’en demeure pas moins qu’il travaillait sans relâche. Perfectionniste, il était souvent très incertain au sujet de son propre jeu, peu sûr d’être capable de garder le haut niveau de ses solos nuit après nuit.
LA FIN DE VIE DE WES MONTGOMERY
En 1965, il défit son propre trio et rejoignit le pianiste Wynton Kelly et devint de plus en plus demandé dans les clubs pour les concerts et les festivals. On peut se rendre compte du drive incroyable de cette formation sur un album live de la fin 1965 « Smokin’ at the Half Note » qui devait être son dernier album « purement » jazz.
Sa carrière devint alors plus commercial à l’image du titre « Going Out of My Head » qui reçu le Grammy Award de la meilleure performance de jazz instrumental. Les puristes se plaignèrent du tournant que la carrière de Wes Montgomery prenait. Il balayait ainsi les critiques : « Ceux qui me reprochent de jouer du jazz trop simplement et tout, sont à côté de la plaque ; il y a une conception jazz dans ce que je fais, mais je joue de la musique populaire, et on devrait la considérer comme telle. »
A partir de 1965, Wes Montgomery continua ses tournées avec intensité, tête d’affiche de festivals à travers tout les Etats Unis, et effectuant son premier voyage en Europe. Il battit tous les records d’affluence dans tous les clubs où il se rendait et gagna même plus de renommée grâce à ses apparitions fréquentes à la télévision.
Il venait tout juste de rentrer d’une tournée nationale lorsque le 15 juin 1968 il fut frappé d’une attaque cardiaque. Wes Montgomery, tout comme Django Reinhardt, mourait à 43 ans.
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